La thérapie par le conte
Les contes sont de précieux atouts pour permettre aux enfants de passer un cap difficile. Les rejouer dans un lieu cadré par des professionnels permet notamment d’appréhender et d’apaiser certaines angoisses archaïques qui peuvent entraver le bon développement de l’enfant s’il ne parvient pas à les dépasser. L’atelier se déroulant en groupe, il permet également de sociabiliser l’enfant dès son plus jeune âge.
Cet atelier est particulièrement indiqué pour des enfants de 3 à 6 ans, présentant des problèmes d’immaturité, d’instabilité, des difficultés d’abstraction et de symbolisation manifestées par des retards de langage, de parole, des difficultés temporo-spatiales, de séparation ou des difficultés relationnelles.
Le déroulement de l’atelier
L’atelier conte se déroule en petit groupe de 3 à 6 enfants. Il est dirigé par deux soignants, qui peuvent être psychothérapeute, éducateur spécialisé, psychomotricien ou encore orthophoniste. L’atelier a lieu une fois par semaine à raison de 45 minutes, selon des modalités identiques. La fixité du cadre permet à l’enfant de s’y repérer. Elle se veut structurante, contenante, et génératrice d’attente et d’anticipation.
Trois temps distincts
La lecture du compte. Tout d’abord on entre, on s’installe et on se dit bonjour. On note les présents et les absents dans le cahier du groupe. Les enfants se regroupent devant le conteur, qui peut alors commencer. Le conte débute toujours par une phrase rituelle (“il était une fois”), qui vient faire coupure avec le temps et l’espace présent. A la fin du conte, une phrase rituelle est également utilisée pour rompre le charme et ramener l’enfant au temps présent.
Le jeu. C’est le moment pour les enfants de choisir le rôle qu’ils souhaitent jouer. Cela peut se faire spontanément, ou à l’inverse faire l’objet de négociations. Mais on ne force jamais l’enfant à jouer. Une fois que les enfants ont choisi, quelque chose vient symboliser leur rôle (une tunique noire pour le loup par exemple). Cela permet à l’enfant de saisir la dimension imaginaire ; il est alors dans le jeu. Des accessoires peuvent être utilisés pour symboliser la maison des parents, la forêt… Pendant le jeu, un adulte joue avec eux pour les guider. Une fois le jeu terminé, les spectateurs applaudissent. On enlève ensuite le signe distinctif de l’enfant pour symboliser la coupure et le faire revenir au temps présent.
Le dessin. S’ensuit alors le moment de se réunir autour d’une table pour dessiner. L’adulte qui a joué avec les enfants fait également un dessin. Il s’agit pour chacun de représenter une scène du conte qui l’a marqué(e), qu’il a appréciée ou qui lui a fait peur. Ce dernier temps est très important, car il permet à l’enfant de projeter les affects suscités par l’atelier. Il peut alors symboliser ce qui l’a traversé pendant le jeu et métaboliser certaines angoisses. Lorsque tout le monde a terminé, chacun présente son dessin au groupe. C’est un temps de verbalisation, d’échange où l’on reprend des éléments vécus.
Les buts et effets de l’atelier
L’avantage de l’atelier est qu’il révèle rapidement la problématique et le niveau de difficulté de chaque enfant par la façon dont il gère et aborde chacun des temps proposés (qu’il s’agisse du temps d’écoute, du jeu de rôles, du dessin, de la mise en commun – cahier de bord). A partir de là peut s’observer un meilleur suivi de l’enfant au fil des séances.
Le but est d’offrir un cadre qui se veut contenant, structurant, apaisant pour l’enfant. L’enfant prend peu à peu conscience que le conte apporte un certain matériel d’associations, sur lequel on peut faire des commentaires et qui permet d’essayer de comprendre. Petit à petit, il va pouvoir faire le lien avec des conflits et événements familiaux, ses difficultés relationnelles avec les autres…
L’atelier est un lieu de communication, qui encourage la verbalisation et la mise en jeu du corps. Concernant ses effets, on note une élaboration espace/temps, un enrichissement dans leurs capacités d’être et dans leurs relations. C’est un lieu de reconnaissance de soi et de l’autre, de partage, de création, dans un cadre strict.
Au fil des séances, l’évolution de chacun est notable. Ainsi, tel enfant souffrant d’inhibition manifeste dans un premier temps une attitude de retrait, puis parvient à se positionner en choisissant un personnage qu’il ne peut jouer (pénalisant l’ensemble du groupe en bloquant toute possibilité de théâtralisation). Mais il pourra après plusieurs séances progresser et faire vivre les personnages.