La grossesse, ça change quoi ?
Au-delà des changements hormonaux et corporels, il se produit chez la future maman de nombreux changements psychologiques. Elle va petit à petit se recentrer sur elle-même et moins sur le monde extérieur. La future maman va commencer à rêver son bébé, à l’imaginer. Une sensibilité particulière aux besoins du bébé va se développer, pour s’intensifier en fin de grossesse. C’est ce que Winnicott appelle « la préoccupation maternelle primaire ». Cet état va perdurer quelques semaines après l’accouchement. Il correspond à un état de repli, dans la mesure où l’attention de la mère est centrée sur son bébé. C’est une étape majeure et tout à fait normale dans le lien mère-bébé.
Deux bébés à écouter : le bébé qui naît et le bébé en soi
Pendant la grossesse, l’état émotionnel de la femme est modifié. Il se produit une « transparence psychique » (Monique Bydlowski), c’est-à-dire que la barrière du refoulement est moins forte. Les fantasmes, les affects sont alors plus accessibles à la conscience. Il est d’ailleurs très fréquent que la future maman rêve plus. Durant cette période, le fonctionnement psychique de la femme enceinte est “marqué par un surinvestissement de son histoire personnelle et de ses conflits infantiles” (B. Golse et M. Bydlowski). Autrement dit, des éléments de vie de la future maman refont surface. La grossesse engendre toujours une rencontre intime avec soi-même.
C’est alors que se crée une fusion/confusion entre le « moi-bébé » de la mère et le bébé dans le ventre, faisant vivre à la femme enceinte une intense situation narcissique régressive. Le bébé n’est pas encore né, et en tant qu’objet encore intérieur, « il réactive le petit enfant que la mère a été ou qu’elle croit avoir été et qui était jusque-là demeuré enfoui tout au fond de sa psyché » (Bernard Gosle). C’est en cela que la situation est régressive pour la future maman. La grossesse mobilise ainsi des représentations préconscientes et inconscientes qui vont alimenter les rêveries autour de l’enfant à naître.